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Silence, on nous manipule !

Par Cécile AtCom


Silence, on nous manipule !

 

Je vais vous raconter une situation de manipulation dont je fus l'objet et dont, j'en suis désolée,  vous faites aussi l'objet,  pour la plupart d'entre vous !

Dans cet article, Je vais vous détailler sur quel sentiment repose l'une des plus grandes techniques de manipulation mentale.

C'est par une histoire que je vais vous la commenter

La situation en question commence, le 24 novembre dernier. A 1 mois de Noël les enfants trépignent d'impatience devant les vitrines des magasins croulant sous des montagnes de jouets.

Ah Noël ! Et ses lots de chocolats au kilo, ses océans de charcuteries en tout genre et autre saumon fumé, ses myriades de bûches colorées et de dindes farcies et de... dindons de la farce.

A chaque Noël, c'est la même chose, ma fille Clara âgée de 4 ans arrive en courant, brandissant le dernier catalogue de Noël pointant de l'index  la page robots et clamant à tue tête : " je veux ça !"

Le "ça" en question n'est d'autre que le nouveau toutou robot qui aboie qui marche avec son petit livret pour bien s'en occuper.
De ce jouet sensationnel, on en parle dans toutes les  cours de récrés, on vous distille à longueur de journée son rôle éducatif.
On vous abreuve dans toutes les revues grand public  son grand pourvoir, celui dont rêve secrètement chaque parent, de rendre  très intelligent nos chers petits.

C'est le jouet du moment à se procurer sous peine d'être un parent indigne et votre enfant le dernier des loosers.

D'un œil distrait, un peu inquiète, je regarde rapidement l'objet de toute les attentions soupirant d'être ainsi prise sur le fait accompli.
Cependant, je l'admets, ce toutou magique répond à peu près à mes critères de sélection.

Ainsi, à demi convaincue, prenant mon courage à deux mains, je pars à la recherche du trophée bien décidé cette fois à prendre les devants pour obtenir le jouet tant convoité et ainsi combattre la malédiction  de Noël :  « S'y pendre au dernier moment, c'est à coup sûr revenir bredouille ! »

Je me lance éperdue à la recherche du toutou et cours droit devant moi en direction du plus grand magasin de jouets de la région convaincue que là se trouve la caverne d'Ali Baba.

Dans le magasin, je fonce en direction des têtes de gondoles certaine de trouver, me tendant les pattes mon précieux jouet.
Rien à l'horizon, je tourne à droite, puis à gauche, je reprends l'allée centrale et me trouve nez à nez avec un vendeur juché sur un escabeau, qui laborieusement déverse une pile de puzzles sur l'étagère.


Essoufflée et commençant à être passablement énervée, je lui demande avec ce qui me reste d'énergie, où sont rangés les fameux jouets en question.

Voici  sa réponse laconique, (apparemment je ne suis pas la seule à lui poser cette question) "Désolé madame, mais nous sommes en rupture de stock, et nous ne savons pas lorsque nous serons réapprovisionnés".

J'écarquille les yeux comme des soucoupes, l'air béat.

"Comment, la veille de Noël, en rupture de stock, c'est inimaginable. Après les magasins de jouets vont se plaindre que leur C.A diminue d'année en année !".

Je repars vexée et me rends à toute allure dans un autre magasin, celui du centre ville.
Les prix sont légèrement supérieurs, mais tant pis, quand on aime, on ne compte pas (c'est absurde !)

Il faut absolument que j'arrive avant d'autres parents qui auront certainement la même idée de moi. Je suis prête à me battre à coup de peluche pour l'obtenir ce satanée jouet, non sans blague !.

Je l'ai promis à Clara pour son Noël.

L'an dernier déjà, il s'est passé la même chose, je n'ai pas réussi à faire main basse sur le jouet commandé par Clara. Il est donc hors de question de rester ainsi sur la touche cette fois-ci !

Là encore, dans l'autre magasin du centre ville même son de cloche, rupture de stock et date de réapprovisionnement non précisée.

Je n'en crois pas mes oreilles !

Au fil des semaines qui s'écoulent et après avoir écumé tous les magasins de la région, je me rends à l'évidence : il n'y aura pas le fameux toutou robot pour le noël de Clara.

Dénouement de l'histoire

Le matin de Noël,  Je vous laisse Imaginer l'ai dépité de Clara lorsqu'elle arrache d'une main fébrile le papier doré  de son « merveilleux » cadeau !

je prends mon air des mauvais jours, je me confonds d'excuses auprès de la malheureuse enfant, me sentant soudainement obligée devant ma promesse non tenue, de m'engager à lui offrir le précieux sésame quand la prochaine occasion se présentera, chose promise, chose dû !

Effectivement la prochaine occasion pointa son nez très rapidement, 2 semaines après Noël exactement.

Ainsi, les périodes de fêtes terminées, comme par magie les rayons des jouets sont inondés de toutous robots.

Comme d'autres parents, je me jette sur l'un des toutous qui se met à aboyer, bien décidé à défendre ce qui me revient de droit. Quitte à passer pour une hystérique, je presse le jouet contre moi, l'air assassin, courant jusqu'à la caisse.

A la maison, je le recouvre d'un beau papier bleu et or, y inscrit sur un petit carton ces quelques mots pour me faire pardonner "avec quelque jours de retard,  mille excuses, je t'aime. Maman".

La révélation

Un jour, je parcours une revue de psychologie sociale et je suis attitrée d'emblée sur un sujet qui relate précisément le type de situation que je viens de vous décrire. Je lis attentivement les explications et je découvre ainsi toute la supercherie. Mesdames Messieurs je me suis fait duper !

Voici l'explication :
Bien avant Noël, Les fabricants de jouets font  la promotion d'une catégorie de jouets (qui ont une certaine valeur monétaire), en l'occurrence le toutou robot à 57 €.


Ainsi, les enfants, premiers consommateurs veulent à tout prix le jouet en question et arrachent de leurs parents la promesse de l'obtenir à noël.

En cette période de Noël précisément, ces mêmes fabricants de jouets créent une pénurie de cet article  et créer un phénomène de rareté (voir mon précédent article sur valeur et rareté d'une produit).

Ainsi la plupart des parents, sont dans mon cas, ils n'arrivent pas à se le procurer.

Bon gré, mal gré, nous parents, remplaçons donc l'objet de toute les convoitises par un jouet de substitution d'égale valeur.

En effet, les fabricants ont pris la précaution de  fournir aux distributeurs quantités suffisantes de ces  jouets de substitution.

Le processus de manipulation est en marche.

Noël passé, les mêmes fabricants relancent une offensive promotionnelle sur les premiers jouets, ceux tant convoités, en l'occurrence notre toutou robot. 
Du coup, cela réveille l'ardeur des enfants et la culpabilité des parents, qui  sont assaillis sous les « tu l'avais promis » les obligent à tenir paroles.

Ils se sont engager vis-à-vis de leur progéniture, ils ne peuvent plus revenir en arrière sous peine de ne pas être crédibles aux yeux de leurs enfants.

C'est ce que l'on appelle en termes de manipulation mentale, le principe d'engagement.

A partir du moment où vous prenez position ouvertement  et donc publiquement vous vous engagez.
Toute personne est tenue par ce principe d'engagement vis-à-vis d'autrui sous peine d'être perçu pour une personne peu crédible.

Cette stratégie de manipulation vous pousse non seulement à aller jusqu'au bout de vos actes mais à vous culpabiliser si vous ne tenez pas vos engagements.

Le principe d'engagement est l'un des piliers de la manipulation mentale car il repose exclusivement sur le phénomène de crédibilité et de culpabilisation vis-à-vis de l'autre.

Désormais, je suis certaine qu'à Noël vous regarderez à 2 fois en direction des promotions sur certains jouets.

Et oui, que nous le voulions ou non, nous nous faisons tous manipuler. Tous, à n'importe qu'elle échelle de la société.

La tentation est parfois plus forte que la raison...

Et vous, quelle est la dernière manipulation dont vous avez été la victime, consentante ou non ?     

A très bientôt.
Et surtout prenez soin de vous.

Cécile AtCom
Activateur de prospection

Thématique : Conquérir de nouveaux clients

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